Emboites, ficeles, cachetes, reunis pour temoigner : nous etions les objets et marques deposes pres du tribunal de commerce en cas de conflit entre industriels. Or « la futilité d’une epoque, quand dix siècles ont passe sur elle, est matière à la plus grave crudition, surtout si elle a été conservée intacte par une éruption voleanique ou des matières analogues à la lave projetee par bombar dement…
« . Il nous est arrivé ce desastre depuis que ces dames des archives, rangeuses a perpetuite. jouent de nous. A la tombola des rencontres impossibles nous avions enfin trouvé notre place. A perpetuite elle aussi.
Pourquoi réveiller ce souvenir de l’ordinaire banal ?
Il fallait nous abandonner au jeu fantaisiste de ces anachronismes délicieux qui faisaient voisiner les bretelles et les images pieuses, les biberons et les salières en cristal. Nous nous étions calés en désordre dans ce monde anodin, ce sanctuaire du domestique. Nous nous prenions pour des reliques oublices, la ou mensonge et vérité sont si confondus qu’il faut la foi pour croire à nos souvenirs brouilles. Bien sür notre orgueil est flatté puisque nous sommes devenus témoignages à force d’archivages et de classements, rangés sur des étagères, nous sommes prets a toute consultation érudite. Tout ce rituel complique qui nous fait échapper à l’ordinaire pour nous deguiser en preuves archéologiques force notre admiration. Mais nous regrettons la cave inondée ou l’on nous a trouves. le grenier mal range qui nous abritait. Certains d’entre nous, et non des moindres, aimaient bien mieux le désordre excessif, le domaine du silence, ou ils pratiquaient autrefois le jeu des devinettes sur leur raison d’étre. Le charme des boites crevees, entassées, créait entre nous Pharmonie de déchets empiles. Nous étions des objets en vacance. Des laissés où je compte. Des ombres, une anthologie des restes. Pour les plus précieux, une théorie de traces…