Le 7 janvier 1980, Gay Talese reçoit à son domicile new-yorkais une lettre anonyme en provenance du Colorado.
Le courrier débute ainsi: « Je crois être en possession d’informations importantes qui pourraient vous être utiles. »
L’homme, Gerald Foos, confesse dans cette missive un secret glaçant: voyeur, il a acquis un motel à Denver dans l’unique but de le transformer en « laboratoire d’observation ».
Avec l’aide de son épouse, il a découpé dans le plafond d’une douzaine de chambres des orifices rectangulaires de 15 centimètres sur 35, puis les a masqués avec de fausses grilles d’aération lui permettant de voir sans être vu. Il a ainsi épié sa clientèle pendant plusieurs décennies, annotant dans le moindre détail ce qu’il observait et entendait – sans jamais être découvert. A la lecture d’un tel aveu, Gay Talese se décide à rencontrer l’homme. Au travers des notes et des carnets du voyeur, matériau incroyable découpé, commenté et reproduit en partie dans l’ouvrage, l’écrivain va percer peu à peu les mystères du Manor House Motel. Le plus troublant d’entre eux: un meurtre non résolu, digne d’une scène de Psychose, auquel le voyeur assisterait, impuissant.
Le voyeur exige l’anonymat; l’écrivain, soucieux de toujours livrer les véritables identités de ses personnages, s’en tient aux prémices de son enquête. Trente-cinq ans plus tard, Gerald Foos se décide à rendre publique sa machination et Gay Talese peut enfin publier ce livre dérangeant et fascinant.