« Tu seras journaliste », lui criait sa conscience, comme la sorcière criait à Macbeth « Tu seras roi ».
Être journaliste, c’est devenir proconsul dans la République des lettres, avoir tous les pou-voirs.
L’ambition dévorera
Lucien Chardon. Ses poèmes ont séduit la noblesse de province. Il monte à Paris, prend le nom de
sa mère, de Rubempré, et s’introduit avec succès dans la presse et les milieux littéraires. Enivré de gloire, c’est un dandy avec tilbury et canne à pommeau d’argent. Qu’importe s’il a ruiné sa sœur et David, l’imprimeur d’Angoulême, s’il a perdu son âme pour réussir.
Cette fresque tirée des Scènes de la vie de province est prodigieuse. La caricature des journalistes et des libraires-éditeurs est féroce. Chaque personnage de cette Comédie humaine déborde d’éner-gie, celle dont Balzac était plein. Mais, semblent nous dire les Illusions perdues, consacrer cette énergie à se pousser dans la société c’est rater la vie et ses vraies richesses.