L’ouvre de Goya représente un des documents les plus éloquents, les plus frappants, les plus profondément tragiques que son siècle nous ait laissés. On n’aurait guère pu soupçonner que le jeune homme qui, à Madrid, exécutait des dessins gais et charmants pour la Manufacture de Tapisseries atteindrait un jour tant de grandeur sublime. Nommé peintre officiel du roi d’Espagne, il devint le portraitiste d’une noblesse corrompue et son art prit peu à peu un caractère mordant et satirique.
Goya fut le témoin de guerres, de révolutions, de bouleversements sociaux, et ses peintures sont le reflet fidèle de son époque. En son temps, elles formaient un véhément réquisitoire contre ceux qui ne voulaient pas voir les catastrophes prêtes à s’abattre sur l’Espagne. L’artiste fut attaqué par l’Inquisition et, forcé de s’exiler, mourut en France en 1828. Il laissait un œuvre qui défiera le temps : eaux-fortes magnifiques, portraits pénétrants qui comptent parmi les plus beaux du monde, tableaux fantastiques et sublimes où il flagelle impitoyablement la vanité, la bêtise et la cruauté des hommes avec une audace incomparable.
