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Ernest ou le travers du siècle

Gustave Drouineau fut un des auteurs les plus populaires du début du XIXe siècle, auteur en particulier d’une tragédie qui fit le tour des scènes européennes et fut traduite en plusieurs langues, Rienzi Ernest ou les travers du siècle, son premier et énorme roman (1315 pages) paru en 1829, connut également un succès foudroyant qui lui valut plusieurs éditions, avant que l’auteur devienne fou, à la fin des années trente, et passe dans un asile ses quarante dernières années. La trame est simple, et préfigure l’histoire de Lucien de Rubempré et de ses Illusions perdues. Ernest Elvin est un jeune provincial, un brillant sujet dont son père, épicier, attend les plus heureuses réussites. Étudiant en droit, il est destiné à reprendre l’étude du notaire de la ville, M. Bouvart, et à épouser sa fille, la délicieuse Marie. Mais l’exaltation poétique du jeune homme, l’attirance de Paris et de la gloire par la littérature, les mauvais conseils du perfide Plinse, le détourneront de la médiocrité dorée de la vie de province et le mèneront à sa perte. Par la forme, il s’agit à la fois d’un roman de mœurs (pour la partie rochelaise), d’un mélodrame à rebondissements (les aventures d’Ernest à Paris), où le récit et les dialogues alternent avec des chapitres épistolaires et des fragments de journal intime, très théâtral dans l’ensemble. Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais un roman très caractéristique de la veine moralisante de l’époque, et qui présente de ce fait plus d’intérêt historique que de valeur littéraire. C’est ce qui rend contestable le choix d’une réédition « allégée », notamment des « longues dissertations sur l’éducation et sur la polémique,constante à l’époque, qui existait entre libéraux et conservateurs représentés par le lobby jésuite de la Restauration » (citation de la préface de F. Julien-Labruyère). L’éditeur espérait-il de la sorte retrouver la naveté de la lecture au premier degré, intéressée seulement à la psychologie des personnages et à l’intrigue ? S’agit-il d’un compromis entre les contraintes économiques (ne pas faire trop long et trop cher) et l’intérêt « archéologique » des rééditions ? Ce parti parait d’autant plus contestable que les coupures ne sont pas signalées ni les passages manquants résumés, ce qui va plus loin que la négligence. Peut-on espérer que des collections de ce type, très sou-haitables, soient plus scrupuleuses dans leurs procédés ?

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